carnets de guerre CLaude PupierCinq carnets, écrits par l’officier-interprète Claude François Pupier entre le 15 octobre 1914 et le 30 décembre 1918, ont été donnés aux archives municipales en 2013. Ils méritent une exploitation historique.

Né le 11 mars 1877 à Brullioles dans le Rhône, il est le fils d’un employé de commerce à Lyon et d’une ouvrière en soie.

Fin 1905, Claude Pupier intègre le corps des interprètes militaires : il traduit, rassemble, vérifie les informations nécessaires pour gagner la guerre et assurer le contrôle du terrain grâce à une meilleure communication.

Entre août 1914 et juillet 1919, il est affecté, avec le grade de capitaine, à différents états-majors, dont celui du Général Foch.

Avec la mondialisation du conflit, la mobilisation de compétences culturelles et linguistiques devient indispensable. L’interprétariat permet une meilleure coordination entre les alliés et rend plus efficaces les interrogatoires des prisonniers de guerre. Affecté à la section du chiffre et chargé du chiffrement et déchiffrement des télégrammes, Claude Pupier traduit l’italien et l’anglais. En 1917, il est en mission en Italie et sert de guide aux généraux présents.

Lors de la signature de l’armistice le 11 novembre 1918, la délégation française est composée du Maréchal Foch, assisté de son chef d’Etat Major, le Général Weygand, le Commandant Riedinger, le Capitaine de Mierry, l’interprète Laperche, le Capitaine Boutal et l’officier-interprète Pupier. La célèbre photographie, conservée par le Service historique de la Défense, immortalisant la sortie des délégations françaises et britanniques du wagon de Rethondes, est prise par Claude Pupier.

Après la guerre, il devient sous-directeur du Crédit lyonnais. Puis il épouse Eulalie Charlotte Maucherat de Longpré le 9 septembre 1920 à Lyon .

Ce sont les carnets d’un officier ambitieux qui semble préparer son avenir dans la vie civile. Ses liens avec le Crédit lyonnais sont très souvent cités. Il évoque des collègues et des supérieurs hiérarchiques, rapporte des discussions et des négociations pour la nomination d’un sous-directeur du siège du Crédit lyonnais à Paris et analyse les chances de ses concurrents.

Claude Pupier dîne, prend le thé, se soigne et se promène. Il note dans ses carnets ses impressions sur les personnes qu’il rencontre lors des dîners auxquels il est invité. A ses impressions s’ajoutent parfois des détails sur les entreprises et les capitaux détenus par ces personnes influentes. Le capitaine Pupier raconte également les moments qu’il passe avec les familles, de notables semble-t-il, qui l’hébergent. Ces carnets sont très différents des carnets de guerre de poilus dans les tranchées. Ici, le conflit semble n’être qu’un décor. Les rapides états des pertes, la description d’un cimetière militaire et quelques anecdotes concernant des poilus rappellent ponctuellement au lecteur que la France est en guerre.

Une mystérieuse manière de s’exprimer apparaît régulièrement et rend la lecture des carnets difficile. Il s’agit peut-être d’une forme de codage mis en place par Pupier pour s’assurer de l’intimité de ses notes.

Ces carnets sont consultables dans la rubrique les gens du portail des archives municipales.