Recensement militaireLes registres de recensement militaire communal des jeunes gens par classe permettent de connaître chaque année l’ensemble des jeunes hommes de la ville ayant fêté leurs 19 ans l’année précédente. Ceux renseignés à Saint-Denis de 1886 à 1919 permettent donc de découvrir les mobilisés dionysiens potentiels entre 1914 et 1918.

Les grilles de recensement offrent de nombreuses informations, que le jeune homme ait été ou non apte au service militaire. Partons par exemple grâce à elles sur les traces de Jean-Marie André, jeune dionysien né en 1885, qui fut tué à Berry-au-Bac en 1917. Le registre de recensement de la classe 1905 décline bien sûr son identité et celle de ses parents, ainsi que leur adresse. On apprend aussi qu’il exerçait la profession de corroyeur. Son travail consistait donc à travailler le cuir tanné.

Ces registres ne comprennent pas de photo mais une brève description nous permet d’imaginer un jeune homme au physique plutôt banal : des cheveux châtains entouraient son visage rond aux yeux gris. Pas de cicatrice sur son front étroit, une bouche et un nez moyens.

Les colonnes suivantes nous donnent quelques informations sur ses connaissances. Son niveau d’instruction est indiqué de la manière suivante :

0 = ne sait ni lire ni écrire ;
1 = sait lire ;
2 = sait lire et écrire ;
3 = possède une instruction primaire plus développée ;
4 = a obtenu le brevet de l’enseignement primaire ;
5 = bachelier, licencié, etc… ;
X = son niveau d’instruction n’est pas connu

 

Jean-Marie André a un niveau « 3 », ce qui nous montre qu’il savait lire, écrire et compter. Il a peut-être même été à l’école jusqu’au certificat d’étude. Durant les vacances, il préférait malgré tout faire du sport plutôt que de la musique : la colonne suivante nous apprend qu’il savait nager et faire du vélo, mais ne jouait d’aucun instrument.

La seconde page contient des informations relatives à la décision du conseil de révision, qui décidait si le jeune homme allait ou pas partir effectuer son service militaire cette année-là.  Le conseil peut l’inscrire dans une des 7 catégories (appelées aussi parties) prévues par la loi de 1889 et ensuite par la loi de 1905  ou l’exempter définitivement :

Loi de 1889

Loi de 1905

Bon pour le service armé (1ère partie)
Propre au service armé mais dispensé (2ème partie)
Bénéficiaire d’un sursis (3ème partie)
Engagé volontaire (4ème partie)
Ajourné à un an (5ème partie)
Bon pour le service auxiliaire (6ème partie)
Exclu suite à une condamnation (7ème partie)

Bon pour le service armé (1ère partie)
Bon pour le service auxiliaire (2ème partie)
Engagé volontaire (3ème partie)
Exclu suite à une condamnation (4ème partie)
Ajourné à un an (5ème partie)
Bon pour le service auxiliaire mais ajourné (6ème partie)
Bénéficiaire d’un sursis (7ème partie)

 

Malgré une déviation de l’épaule gauche, Jean-Marie André est ainsi déclaré « bon pour le service armé (1ère partie) ». Il a donc été contraint d’effectuer un service militaire de deux ans, préparation à la Première Guerre Mondiale à laquelle il a ensuite dû participer.

Les registres de recensement militaire communal des années 1886 à 1918 nous permettent ainsi d’en apprendre un peu plus sur les jeunes dionysiens qui, comme Jean-Marie André, étaient en âge de combattre pendant la Grande Guerre. Mais où les consulter ? Ceux des classes 1886 à 1910 (cotes 1 H 26 à 1 H 33) ont été numérisés et sont disponibles en ligne sur le portail des archives municipales. Quant aux registres de recensement des classes 1911 à 1918 (cotes 1 H 34 à 1 H 41), ils sont librement consultables dans la salle de lecture des Archives municipales de Saint-Denis.